Champignon Fomitopsis betulina, Polypore du Bouleau
Fomitopsis betulina (Bull.)
1. Médecine traditionnelle
Le polypore du bouleau est utilisé depuis la préhistoire comme remède naturel en médecine traditionnelle pour ses propriétés anti-inflammatoires, antiseptiques, fortifiantes, immunostimulantes et cicatrisantes. En Sibérie, en Russie et en Europe de l’Est, il entre dans les tisanes, décoctions et applications topiques pour soulager les fatigues chroniques, les infections, les troubles digestifs, les inflammations cutanées, la gueule de bois et la purification générale de l’organisme. Ce champignon est aussi réputé pour son rôle dans la lutte contre les parasites intestinaux (antiparasitaire). Son usage est attesté depuis plus de 5 000 ans, notamment avec la découverte d’Ötzi, l’homme des glaces, porteur d’un fragment de polypore .
2. Études scientifiques
De nombreuses études contemporaines ont confirmé ses effets immunostimulants, anti-inflammatoires et antioxydants. Le polypore contient des polysaccharides, triterpènes, dont l’acide piptolinique, la bétuline et bétuline acide, des composants phénoliques puissants, démontrant une activité anticancéreuse in vitro, une inhibition des bactéries multirésistantes (Enterococcus faecalis), et une stimulation des cellules immunitaires, notamment l’augmentation de la production d’interféron gamma (IFN-γ) . Ces composés sont aussi liés à une potentialité neuroprotectrice et antiproliférative (cancers de côlon, pulmonaire, leucémie) .
3. Composition
Triterpènes dérivés du lanostane, acide piptolinique A-E
Bétuline et acide bétulinique, provenant de l’écorce du bouleau hôte, aux vertus antimicrobiennes et anticancéreuses
Polysaccharides, notamment (1→3)-α-D-glucane, immunomodulateurs
Autres composés phénoliques et flavonoïdes .
4. Botanique
Fomitopsis betulina est un basidiomycète lignicole de la famille des Fomitopsidaceae. Il pousse exclusivement sur les bouleaux vivants ou moribonds, provoquant la pourriture cubique brune du bois. Son sporophore mesure entre 6 et 20 cm, a une forme réniforme à circulaire, avec une cuticule beige à brun clair à consistance coriace. La face inférieure est poreuse et blanche, caractéristique de ce champignon. Il est commun dans les forêts tempérées et boréales d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord .
5. Parties utilisées et préparation
Partie employée : le sporophore entier, séché puis broyé pour usage médicinal.
Préparations : infusion, décoction (notamment pour en extraire les polysaccharides), teinture alcoolique; usage externe sous forme de poudre ou cataplasme pour plaies et brûlures.
Usage ancestral : le charbon de polypore était aussi utilisé comme amadou pour démarrer le feu.
6. Usages ethnobotaniques et ethnopharmacologiques
En Sibérie et en Europe de l’Est, il est utilisé comme remède naturel contre les parasites intestinaux (antiparasitaire), les inflammations gastro-intestinales, les infections et pour renforcer la vitalité générale.
Il est souvent préparé sous forme de décoction ou infusion, consommé comme une tisane amère. Le sporophore (corps fructifère) séché est broyé en poudre ou réduit en morceaux pour ces préparations.
Ce champignon est également appliqué localement, en poudre ou en cataplasme, pour ses propriétés cicatrisantes et antiseptiques sur les plaies et brûlures.
En Europe nordique, il a été utilisé longtemps comme amadou (allume-feu), mais surtout pour ses vertus médicinales.
Traditionnellement, sa collecte se fait avec respect, et il est parfois associé à des rituels de purification et de protection.
Utilisé en médecine populaire russe, européenne et asiatique pour traiter les inflammations, les infections, les blessures, et stimuler le système immunitaire.
En agriculture biologique, employé comme fongicide naturel et pour stimuler la microflore du sol .
Le cas Otzi
Les restes d’Ötzi, la momie datant d’environ 5300 ans, ont livré une richesse d’informations sur ses usages médicinaux et son ethno-botanique. Parmi les objets trouvés sur lui, plusieurs plantes, champignons et outils témoignent de pratiques de médecine traditionnelle.
Plantes et champignons trouvés avec Ötzi
Champignons :
Polypore du bouleau, Fomitopsis betulina : abondamment retrouvé sur sa fouille, il est considéré comme un remède antifongique, antiparasitaire et laxatif. Son usage pouvait consister en application ou en infusion pour traiter les parasites intestinaux, ou comme antiseptique naturel.
Amadouvier, Fomes fomentarius : contrairement à beaucoup d’autres champignons l’Amadouvier n’a aucune toxicité même légère si on l’utilise cru en interne. Il est antiseptique en interne comme en externe en cas de blessure. Son utilisation comme allume-feu reste anecdotique, son usage médicinale est bien plus important.
Note : Ces deux champignons permettait de se prémunir de ce qu’il peut arriver de pire pour un chasseur ou un homme voyageant seul : une blessure infecté. Ces deux champignons sont des antiseptiques puissant qui permettent de se prémunir contre l’infection lors d’une plaie ouverte et le Fomitopsis permet la cicatrisation. De plus, ces champignons se conservent facilement une fois récolté : le Fomitopsis se conserve plus d’un an en gardant ses propriétés et l’amadouvier plus de deux ans après la récolte.
Plantes :
Restes de feuilles de alnus (aulne) et fagaceae (hêtres ou chênes) présents dans son sac..
Restes d’ortie (Urtica dioica) : potentiellement utilisé pour la cicatrisation ou comme plante médicinale (remède contre l’arthrose).
Restes de graines ou de céréales, témoignant d’une alimentation riche et variée, pouvant contenir aussi des plantes à vertus médicinales.
7. Traditions, rituels et spiritualité
Dans certaines cultures, son rôle dépasse le strict cadre médical : il est symbole de protection et de purification, collecté avec respect et souvent utilisé dans des rituels de guérison et de protection contre les mauvais sorts, notamment en Russie et en Europe de l’Est .
8. Histoire et anecdotes
Le polypore du bouleau est l’un des rares champignons retrouvés sur Ötzi, homme de la période néolithique (3200 av. J.-C.), attestant de son utilisation ancienne.
Son usage en médecine traditionnelle est documenté dans plusieurs traditions, notamment en Europe de l’Est et Sibérie, où il est un remède populaire depuis l’Antiquité.